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 Unknown dreamer (Richard Brautigan) [Vicky]

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Joseph M. Blake
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Joseph M. Blake


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MessageSujet: Unknown dreamer (Richard Brautigan) [Vicky]   Unknown dreamer (Richard Brautigan) [Vicky] EmptyMar 25 Jan - 18:44

Unknown dreamer (Richard Brautigan) [Vicky] 113r Unknown dreamer (Richard Brautigan) [Vicky] Em10s
    << Ce n'est pas important la guerre des moutons et des fleurs? Ce n'est pas plus sérieux et plus important que les additions d'un gros monsieur rouge?>> Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry


Il n'était pas rare d'apercevoir Joseph assis dans le potager, à soupirer sur des pousses qui n'ont pas la force de prendre, ou à soupirer tout court, les fesses pleines de terre. Aujourd'hui, l'exception confirmant la règle, il n'était occupé à aucune de ces deux activités et serrait son petit entre ses mains (par son petit, j'entends son appareil photo, ne vous emballez pas), fixant le ciel non seulement clément mais d'une couleur azur enchanteresse. En fait, il n'avait jamais vraiment aimé prendre les paysages en photo. Il s'en nourrissait constamment, bien sûr, et admirait le ciel comme un gosse, et chaque élément de la vie même. Tout ce qui constituait le monde était incroyable, d'autant plus incroyable qu'on avait aucune fichue idée d'où ça provenait. Mais en photo, il aimait capturer l'âme des gens. Il était le diable de Faust, et tout ces types là à la fois qui ont la prétention de se repaître de l'esprit, de l'âme, de la conscience. A ceci près qu'il n'en faisait qu'une sorte de copie, un peu plus ou moins colorée, toujours contrastée, toujours éternelle. Il essayait de ne pas trop réfléchir dans tout ce qui touchait à la photographie: quand il réfléchissait trop, il devenait chiant, et dès lors qu'il se posait dans le monde de la connaissance plutôt que dans celui de la découverte et de la renaissance, il ne faisait rien de bon. Il lui semblait nécessaire de vivre dans le conte, la féerie qui pouvait constituer l'art. Il n'avait, ou plutôt de voulait pas passer de choses difficiles, de messages dans l'art. Il montrait, pointait d'un doigt qui se voulait poétique. Il faisait de figures ordinaires des mythes. Il n'avait jamais su écrire, laissant le soin aux grands hommes de faire cela à sa place. Parler, s'exprimer avec des mots, ça n'avait jamais été son fort. Mais un regard, un geste, une attitude...Tout cela le servait au même titre qu'il savait le déchiffrer chez les autres. Ce n'est pas l'aura, c'est ce qui constitue l'être humain avant qu'il parle. Avant qu'il connaisse la civilisation et, en somme, s'enterre dedans. Sa théorie ne tenait pas la route, elle sonnait faux, bien sûr: il ne voulait pas pour autant la loi de la jungle, ou bien le retour à l'age des cavernes. Il voulait que le monde actuel se taise un peu plus pour faire place aux silences, à la poétique des mouvements. Les corps, quel gâchis on en faisait! Quelle prétention de les croire simple support! Tendre les bras, secouer la tête, briser ses jambes au niveau des genoux, courir jusqu'à l'épuisement pour sentir ses poumons se glacer, ou le froid sur son ventre. Essayer, essayer à l'excès comme pour sortir de son corps. Joseph n'avait finalement jamais été fort en excès. Bien sûr, ça dépendait encore de la définition du mot! Mais enfin, il était parti au milieu de nul part par ras le bol, il avait crée avec sa mère une relation que lui-même ne comprenait pas, il était parti dans la photographie jusqu'au noyau, justement pour se noyer dedans et oublier, un peu. Leann l'avait sauvé parce qu'elle avait compris le mécanisme de l'isolé qui se sent trop blessé pour revenir tout de suite à la civilisation. Avec des bouts de ficelles, deux trois bricoles et des piles usagées, ils tentaient de se reconstruire tous les deux. Et Joseph avait très vite compris que tout cela allait de paire avec l'art - il en avait fait un atout.

Mais nous nous éloignons ici du sujet. Agenouillé dans la terre, donc, le jeune homme visait le ciel avec une douceur infinie. C'était un peu écrasant comme sujet, peut être plus finalement qu'un homme avec tout ce qui l'accompagne. Comme les chefs d'œuvres qu'on lit, complètement amoureux d'eux: enfin, tellement de gens ont tellement bien parlé/montré/représenté le monde que, franchement, qu'est-ce que sa patte à lui qui n'avait rien d'extraordinaire quand elle touchait aux paysages pouvait apporter de plus? Il n'aurait su ce qui le perturbait le plus. Prendre quelque chose de trop vu? Ne pas savoir comment l'aborder? Ne pas savoir, ou le comprendre assez bien? Il ne connaissait pas toutes les personnes qu'il prenait en photo. Cependant bien souvent, un espèce de sixième sens qu'il ne se connaissait pas se manifestait - il lui arrivait d'être fin psychologue. Il faut dire qu'à force d'observer tout et tout le monde attentivement, et de lire sans cesse les points de vue de tout le monde - auteurs, journalistes - on finissait par s'aiguiser l'âme. Il visa calmement, retint son souffle, appuya sur le bouton. Clic-clac, j'ai capturé le ciel (ouais, j'ai la classe). Il aimait bien cette idée charmante que les appareils piquaient réellement un bout de ce qu'il prenaient en photo - qui bien sûr lui avait été soufflée par un petit garçon du camp. En fait, de manière générale, il trouvait les trucs de gosses adorables. Il avait été fils unique, avait toujours voulu un petit frère, un peu comme une manie de passer son savoir sans avoir la distance ou responsabilité d'un parent. Par ailleurs être papa le tuerait sans doute: pas prêt, pas efficace, pas causant...Bref. C'eut été charmant, mais il était encore trop enfant - Leann aurait eut tout le boulot, et ça n'avait rien de juste. Mais ils étaient jeunes! Que passe le temps. Après avoir pris son cliché, et rangé en équilibre son appareil dans son étui, il se laissa tomber en arrière, dans la boue. Il se foutait complètement de saloper ses habits - d'abord il était capable de se trimballer dans des fringues dégueulasses sans complexes (c'était quand même un campement hippie, que diable, ces gens-là portent traditionnellement les cheveux longs et souvent gras! alors, de la terre, c'était un moindre mal), et puis, c'était lui, non Leann, qui faisait généralement la lessive dans la rivière. Cow boy solitaire version modernisée. J'arrive pas encore à déterminer si c'est mieux ou pire. Une fois arrivé à terre, ses cheveux touchant le sol, le ciel dans la figure, il fut submergé d'un élan de joie - de ces élans qui vous prennent, parfois, et où vous ne pouvez rien faire d'autre que de constater que la vie est quand même belle (mais que vous n'osez l'avouer à personne, tellement c'est cliché).

Il laissa un sourire gigantesque et imbécile heureux se dessiner sur son visage, son appareil sur son ventre comme un bébé en plastique, le soleil lui chauffant doucement le corps. Prendre le temps, oui. Ca aussi c'était 'quelque chose de trop oublié'.
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Vicky Houston

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MessageSujet: Re: Unknown dreamer (Richard Brautigan) [Vicky]   Unknown dreamer (Richard Brautigan) [Vicky] EmptyJeu 3 Fév - 1:02

Elle avait fermé la porte de sa caravane après avoir vérifier trente fois qu’elle n’avait rien oublié. Son but aujourd’hui était de réaliser des croquis pour le plaisir. Elle aimait pouvoir se balader ainsi dans la nature et laisser des traces au fusain sur son carnet. Elle faisait ça déjà petite sans s’en rendre compte. Elle ne sortait jamais sans son cahier de dessin. En classe quand le maître parlait, elle dessinait discrètement mais c’était toujours quelque chose qu’elle avait caché à ses parents. Elle voulait fuir, et d’ailleurs elle avait passé une bonne partie de sa vie à fuir. Parfois, elle se disait encore qu’elle fuyait. Mais qui et quoi ça relevait presque du mystère. La seule chose qui la faisait tenir, et ne pas se sentir trop fuyarde était la peinture. Et puis elle allait mieux depuis qu’elle était arrivée au camp. Plus libre et moins dépendante, elle ressentait moins la pression de son passif parental. Ici on ne la jugeait pas, on ne la condamnait pas pour le comportement de ses parents. Ici elle était simplement Vicky et tout allait mieux alors elle y croyait.

Elle jeta un regard autour d’elle. Qui serait resté insensible devant ces paysages quasiment vierges et ces couleurs toujours changeantes ? Qui aurait pu, en vivant ici, penser un seul instant à le détruire ? Elle ne comprenait pas les promoteurs mais avec un fatalisme qui la suivait depuis sa naissance elle savait que toutes choses étaient amenées à disparaitre. C’est pour cela qu’elle ne voulait pas d’attaches aussi bien amicales, que parentales ou encore sentimentales. Alors depuis la fac, elle passait comme le vent sans se lier, une sorte de protection qu’elle gardait encore dans le Camp. Elle souriait, conversait, était aimable avec tous mais ne s’attachait pas et peu connaissait son histoire. Mais ce qui était bien c’était que personne ne la questionnait à outrance donc elle restait pour savourer sa liberté.

Elle déambulait dans la plaine sans trop savoir où elle allait et peu importe en réalité. Elle croyait au hasard et savait qu’il la conduirait au bon endroit. Parfois, Vicky s’arrête pour crayonner rapidement la forme d’un arbre, le tracé d’un nuage ou encore noter une nuance de couleurs aussi belle que surnaturelle. Alors qu’elle croquait un arbre, elle se rappela la remarque d’une de ses profs d’arts visuels.

C’était lors d’une séance en pleine nature, les étudiants avaient le choix du cadre et également du détail. Abstrait ou académique, tout était accepté, c’était un de ces sujets libres dont Vicky raffolait depuis ses tous premiers cours. Dans un premier temps, l’enseignante s’était penchée au-dessus de son épaule et avait contemplé le dessin sans émettre le moindre avis. Puis, elle avait murmuré avec un sourire. « vos arbres ressemblent-ils toujours à des corps féminins ? » Vicky avait d’abord sursauté avant de se reprendre, de rougir un peu et de s’expliquer : « pour moi, les arbres, les fleuves enfin tout ce que l’on trouve dans la nature a un lien avec la mythologie greco-romaine, alors les arbres sont des nymphes. Ça doit ressortir… » La prof n’avait rien ajouté, se contentant de hocher la tête. Depuis, la jeune fille avait gardé ce pli et chaque fois qu’elle dessinait, croquait, peignait un arbre ou un quelconque végétal, elle repensait au jour elle avait pu mettre un mot sur cette fâcheuse tendance à se référer à la mythologie.

Elle continua sa progression et remarqua quelque chose, une forme, dans la boue. Elle pencha d’abord la tête et sortit son calepin pour dessiner mais au fur et à mesure que les traits se posaient sur sa feuille, elle prit conscience du caractère humain de la forme. Ouvrant de grands yeux et fixant au-dessus du calepin, elle laissa là le cahier et courut vers la forme. Quand elle arriva tout près, elle nota le sourire béat sur les lèvres et les yeux grands ouverts sur le ciel. Là couché dans la boue, l’homme, qui faisait partie du camp, Vicky l’y avait déjà vu et avec son apparence il n’était certainement pas promoteur en vadrouille. Penchez au-dessus de lui mais toujours debout elle demanda, plus pour la forme que par réelle inquiétude :


- Heu… Est-ce que ça va ?

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Joseph M. Blake
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MessageSujet: Re: Unknown dreamer (Richard Brautigan) [Vicky]   Unknown dreamer (Richard Brautigan) [Vicky] EmptyMar 8 Fév - 18:30

Mêler ses doigts à la terre humide, laisser le soleil baigner son front et tout son corps, contrebalancé par le sol frais. La vie n'était pas des plus détestables. C'était de ces moments où la vie est tellement claire et simple qu'on a vite envie de faire, ou dire n'importe quoi. De penser à des trucs absurdes, ou sans aucun sens. Joseph n'était pas un garçon stupide, et il n'était pas du genre à se poser trop de questions non plus. Il aimait vivre simplement, et agir, dans la mesure du possible, en cohérence avec lui-même. Quand on parle peu, les choses deviennent vite plus simples. Les gens s'habituent à votre silence, parfois même il les apaise. Avec le temps, Joseph avait appris à prendre conscience de son corps, et s'était rendu compte que la plupart du temps les gens n'y font pas attention. Pour l'apparence, bien sur, oui, mais le reste du temps c'est un moyen de transport. Un genre d'enveloppe qu'on trimballait sans aucun respect. Joseph n'avait aucune grande idée sur le respect, ou l'investissement dans un corps, mais était légèrement troublé de voir des gens marcher dans la rue sans faire attention à toutes les articulations, à tous les petits machins merveilleux qui composaient ce qui leur servait d'apparence. Très vite, il manqua de s'endormir. Puis il ferma simplement les yeux, ce ciel infini et écrasant lui donnant le vertige à force.

Il n'avait jamais réellement donné de sens à sa vie. Il était l'intermédiaire entre deux clichés - le grand rêveur et l'adolescent rebelle qui envoie bouler 'cette société de consommation de merde' - et ça lui donnait de grandes difficultés pour se situer. Il était resté longtemps en dilettante, attendant que la raison, la route qui était tracée pour lui tombe du ciel, vivant pleinement les plaisirs, les expériences. Il n'avait été que très peu malheureux, en somme. Seulement un jour il s'était trouvé devant l'œuvre d'une photographe, avait été scotché, et s'était soudainement réveillé - mais c'est ça, ce que je veux faire, moi aussi je veux faire passer des messages aussi fort, imprimer l'œil des passants lambda les émouvoir ou déclencher leur haine. Je ne veux pas rester l'inactif, le type qui s'enfonce dans l'hédonisme et dont finalement la vie ne vaut pas tellement plus que celle d'un autre. Cette découverte avait provoqué la catastrophe naturelle. C'est génial de découvrir le sens de sa vie, mais on se rend compte très, très vite qu'on ne sait pas comment mettre tout ça à l'œuvre - apprendre la photo, se dégoter un appareil pas trop mauvais, trouver le petit truc qui fait que...Fouiller. Ça demande de la patience, et avant de se mettre réellement à la photo, Joseph n'en avait aucune. Il avait travaillé sur lui-même, mille fois abandonné, s'était torturé dans tous les sens. On passe notre vie à être illusionnés par des vies d'artistes qui semblent s'être réveillés un matin avec toute leur œuvre écrite dans la tête, et l'on s'émerveille de ce que le feu sacré soit aussi spontané. Ce que l'on ne nous dit pas, le revers de la médaille, c'est que ça ne vient pas tout seul, de soi même. Derrière, il y a du travail, un travail acharné et monstre, qui n'est pas seulement concret mais aussi à l'intérieur de nous. Et c'est le plus douloureux, et il prend du temps, et évolue constamment, et amène à se poser la question - 'mais vraiment, si c'est aussi difficile que ça, est-ce que c'est fait pour moi ou est-ce que j'essaye juste de me faire artiste mais ne le suis pas?' Joseph avait souffert des premières étreintes avec son appareil. Maintenant, il en demandait juste encore, et encore, et encore.

Il en était là de ses réflexions artistiques - et constatait avec plaisir qu'elle ne lui étaient plus douloureuses mais fascinante, et qu'il en voulait encore - quand une voix le tira de sa torpeur, juste avant le mal de crâne imminent généralement amené par le soleil et les réflexions trop intenses pas soutenues par une feuille de papier. Il leva les yeux sur une jeune femme absolument charmante, dont il eut pu chanter les lèvres et le nez pendant des milliards d'années tant ils étaient bien faits. Elle lui était inconnue, mais il supposa par réflexe qu'elle était du camp - il préférait voir le bien partout, ça faisait moins mal aux côtes. Elle avait un carnet à dessin entre les doigts, et, plus qu'horrifiée, semblait perplexe. Par pur réflexe, et parce que c'est gratuit, il lui sourit. Ce n'était pas un grand bavard, ça, c'est de notoriété publique. Cependant le carnet à dessin le mettant en confiance pour une raison évidente étant donné la réflexion dont il sortait, il répondit:

« J'avais envie de profiter du soleil, de la terre, de...Enfin, je me suis laissé entrainé par l'allure romantique des choses, en somme. »

Il s'était habitué à parler si peu que le langage lui posait de sérieux problèmes. Il écrivait beaucoup, mais dans une syntaxe seule comprise de lui, et parfois de Leann - par ailleurs, Leann et lui n'avaient pas vraiment besoin de mots pour communiquer. Les regards, les corps. Finalement, peut être qu'il avait une philosophie et des principes, dans cette manie de rechercher le langage des signes plutôt que le langage des mots ('Enlevez les mots du langage et vous aurez la vérité', avait écrit un théoricien du théâtre porté sur le texte - il promenait cette phrase comme un autel). Peut être qu'il était l'éternel observateur, passant des messages par la mécanique des bras, des yeux, de tout le reste.

Il se rendit compte que non, ça n'avait rien, rien du tout, de triste.

Puis il fixa de nouveau le soleil, les yeux mi-clos, puis Vicky, et son carnet, et son joli nez. « Qu'est-ce que vous dessinez? » demanda-t-il en pointant les mains de la jeune femme, d'un menton timide.
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MessageSujet: Re: Unknown dreamer (Richard Brautigan) [Vicky]   Unknown dreamer (Richard Brautigan) [Vicky] EmptyJeu 17 Fév - 4:36

Son inquiétude fut salué par un sourire envoyé par le jeune homme qui trouvait la boue si confortable. Vicky sourit en retour. C’était naturel chez elle, sourire avant tout pour les larmes on avait bien le temps. D’ailleurs au niveau larmes elle avait déjà assez donné. Moins que d’autres certainement mais chacun a ses blessures. On les panse à sa manière et surtout on ne vit jamais les choses de la même manière. C’est ce qui fait que chaque tableau a ses variantes, que chaque couleur a son camaïeu, que chaque visage a différents traits. Si le monde était lissé comme une chemise trop bien repassée il faudrait une étonnante imagination pour voir l’invisible et sentir l’impalpable. Aussi, quoiqu’on en dise, ou qu’on en pense, les douleurs intimes restent personnelles tout en donnant à la personne du relief sans qu’elle s’en rende compte. Cela comptait aussi pour les paysages dont l’histoire a tracé les sillons et que les artistes reprennent en y mettant toute leur subjectivité. Et Vicky aimait ça. Se dire que tant que chaque regard sera unique, l’imagination vivra et le chemin d’un fusain variera inconsciemment d’une main à l’autre. Aussi, pourquoi essayer de juger un homme allongé dans la boue en se contentant simplement de ce que l’on voit. Sourire et engager une conversation permettait de connaître l’autre et surtout de ne jamais juger à la hâte.

L’explication donnée fit d’ailleurs sourire la jeune femme. Le romantisme de la vue, de la scène. Un artiste aussi. D’ailleurs, l’appareil photo qu’il portait pouvait certainement en attester. Pourtant, Vicky n’ira jamais se payer le culot de demander aux autres d’entrer dans les détails de leur vie, de leurs pensées. Elle se contentait de saisir les bribes de phrases qu’on voulait bien lui concéder et le reste ne pouvait être que du bonus. Alors que l’homme parlait, elle prit connaissance de ce qu’il lui disait en inspectant tour à tour le bleu de ciel, l’ocre brune de la terre, l’émeraude des feuillage et la lumière que le soleil faisait naître sur chacune de ses choses. Comment ne pas tomber dans le romantisme en effet. D’ailleurs, elle acquiesça :

- Tu as raison, la lumière tombe parfaitement sur le paysage aujourd’hui. On dirait que tout devient magique et irréel. Un spectacle sans égal.

Et oui ! Depuis toujours Dame Nature nous offre des trésors insoupçonnés que les prisonniers des grandes villes ne voient même pas. Cette prise de conscience à commencer chez Vicky quand elle a remarqué que de son appart’ en ville il était impossible de voir les étoiles. Elles présentent depuis la nuit des temps, elles qui autrefois guidaient les voyageurs intrépides, elles qui accompagnent sans relâche la lune, elles se retrouvaient éclipsées par la civilisation, par le règne des machines et de l’internet. Après, elle avait commencé des recherches pour ses cours et avait noté que des paysages merveilleux s’étaient retrouvés rayés de la carte à cause de l’invasion du béton, de l’urbanisation et de toutes ses choses que l’on appelle la modernité. Aussi, quand elle était arrivé au Camp, elle n’en avait pas cru ses yeux. Ce contact avec la nature, cet amour pour les paysages l’avaient séduite et elle avait posé ses valises. Moitié ermite, moitié artiste, elle vivait bien ici et surtout avait enfin l’impression d’avoir trouver sa place quelque part sur terre, loin de ses parents et des villes surtout.

Elle remarqua alors que son interlocuteur avait fait retourner son attention vers elle et lui avait posé une question. Le menton timidement pointé vers son carnet de croquis en attestait. Vicky regarda à son tour le carnet de croquis, puis fixa une nouvelle fois le jeune homme. Elle avait un air incrédule. L’air de celle qui n’a pas compris ce qu’on lui demandait mais qui allait faire comme si elle était une grande fille et avait tout saisit en fait. Elle utilisa de nouveau son arme de prédilection le sourire et se décida à fournir une réponse qu’elle espérait correcte. En tous cas, une réponse qui ne la ferait pas passer pour une idiote qui n’écoute pas quand on lui parle et qui en plus répond à côté.


- Des dessins ! Je fais des dessins. Et je peins aussi parfois. Et là aujourd’hui c’est… la nature, le paysage, la lumière particulière. Tout ça quoi.

Alors qu’elle parlait, Vicky avait désigné de la main les choses dont elle parlait.


- J’aime beaucoup les lumières et les dégradés de couleurs. C’est parfois tellement irréel. Et puis c’est un éternel spectacle. A côté Broadway c’est du chiqué… surtout maintenant.


Vicky faisait parfois partie des personnes qui aimaient le passé et refusait obstinément l’avenir. Mais encore une fois, le plaisir de contrer ses parents avaient ouvert la voix à une telle attitude et la jeune femme ne s’en cachait presque pas. Toujours souriante, elle retourna la question :

- Et toi ? C’est pas la boue qui t’a amené là je suppose. Les photos plutôt ! Artiste aussi ?

Vicky avait toujours aimé parler aux autres, pour des futilités la plupart du temps mais c’était une habitude qu’elle avait prise sur le campus, ne jamais passer une journée sans avoir tenter de se faire de nouvelles connaissances, bonnes comme mauvaises. Les rencontres nous aident à avancer, à nous faire découvrir de nouvelles choses. Et un artiste est toujours dans la controverse et le précurseur d’une nouvelle vague, d’un nouveau mode. Et les personnes qui nous entourent permettent toujours de mettre en place de nouveaux regards.

Alors qu’elle attendait la réponse, elle offrit un moment son visage aux rayons du soleil.

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