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 Au-delà du brouillard, c'est toujours le brouillard ▬ feat JOSEPH

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Leann M. Blake

Leann M. Blake


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MessageSujet: Au-delà du brouillard, c'est toujours le brouillard ▬ feat JOSEPH   Au-delà du brouillard, c'est toujours le brouillard ▬ feat JOSEPH EmptyLun 15 Nov - 11:58

    Y a cet homme assit sur une chaise, cet homme au regard noir, beaucoup trop noir même. Il a les yeux posé sur moi, et moi ça me fait peur. Il a quelque chose d'effrayant, peut être dans sa façon de se tenir. Et puis, il se met a rire. Un rire que je connais trop bien. Si je pouvais, je partirais loin, ou bien je me cacherais sous ma couverture, histoire d'être protégée contre lui. Je sais qui il est. Alors quand il se lève de sa chaise et que son visage s'éclaire, je redeviens la petite fille que j'étais avant. Celle qui serait sa poupée contre elle, celle qui avait peur.

    Mes yeux s'ouvrent. Dehors il fait nuit, je le sais parce que les rideaux de la caravane laissent filtrer le jour dès qu'il se lève, et là il fait nuit. J'ignore l'heure qu'il est, ni depuis combien de temps je me tourne sous les draps. Je veux pas réveiller Joseph. J'arrive pas a dormir, depuis que je me suis réveillée persuadée qu'un homme ne fixait. C'est souvent que je fais des rêves comme ça, que je suis persuadée qu'on m'observe, des fois même, j'entends le rire de mon père, et ça pourri mes nuits. Résultat, le soir quand je me couche, j'ai peur de m'endormir. Heureusement y a Joseph. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je me suis levée du lit conjugal. Ça fait vachement important « lit conjugal » alors qu'au final, c'est juste un lit pour deux. Tout ce que je veux, c'est pas le réveiller, alors je me suis levée, et j'ai attrapé par terre un tee shirt qui en vue de sa taille devait surement appartenir a Joseph. Ça tombe bien, moi je préfère ses tee shirt a lui, ils sentent bon son odeur, et puis ils sont vachement plus confortables que les miens. J'ai donc enfilé le tee shirt, et puis je suis sortie de la caravane, en essayant de faire le moins de bruit possible. Alors une fois dehors, je suis prise d'un frisson. J'avais pas prévu qu'il fasse froid comme ça, d'habitude le matin, malgré le vent, la température est plutôt agréable a supporter, mais là, il fait presque froid. Le camp il est comme mort, y a personne dehors, je suppose qu'ils sont encore tous endormis. Alors je m'assois là, dans le sable, a côté de la caravane. J'aime bien cet endroit, et souvent je me dis que si j'avais pas croisé Joseph cette nuit là, ma vie serait surement vachement moins sympa qu'elle ne l'est. J'aime cet endroit et les gens qui y habitent. C'est un peu comme une grande famille. Assise dans l'herbe, un sourire se dessine sur mes lèvres. C'est fou quand même, de se dire que la quasi totalité de votre vie dépend de quelques petites secondes. Si j'avais pas été sur cette route, si lui n'avait pas été là, je me serais arrêté dans la première ville venue, et je serais surement devenue serveuse dans un fast-food. Elle est jolie ma vie ici. Au détail près de mes nuits agitées. Enfin c'est pas comme si c'était important. Pourtant, là assise dans l'herbe, je ne peux m'empêcher de vérifier que l'homme de ce fameux rêve n'est pas dans le coin. La vérité c'est que ça me fait peur. C'est comme si ma vie avait fait un tournant a cent quatre vingt degrés, alors des fois, je me dis qu'y a un truc qui cloche. J'ai froid, alors de me lève. Je dois avoir l'air idiote, là, habillée avec le tee shirt de l'homme qui partage ma vie. Pour me faire pardonner de lui avoir emprunté ses affaires, promis, je lui préparerais son petit déjeuner. Oui voilà, je lui apporterais son petit déjeuner au lit, et puis, si il sympa, je lui ferrais tout plein de bisous ! Même s'il est pas sympa d'ailleurs. Mais là, tout de suite, je me dis qu'avec un peu de chance, je pourrais assister au lever du soleil, parce que j'aime bien ça, quand le soleil il devient tout rouge et qu'il vient se dessiner dans le ciel. C'est jolie. Alors pieds nus, perdue au beau milieu d'un désert, je marche. Je marche jusqu'à un petit endroit au milieu de nul part, un endroit couvert de cailloux. J'aime cet endroit. Et puis, le jour se lève, le soleil aussi, et il fait de moins en moins froid. Alors je m'assois sur un des rochers et puis j'attends. Cet endroit, la première fois que j'y suis allée, c'était avec Joseph, au tout début, quand on est arrivé sur le camp, et depuis, j'aime venir ici. Ça me rappelle le bon vieux temps si on peut dire. Oui, j'aime bien cet endroit, c'est comme le tee shirt, il sent bon Joseph, et moi Joseph, je l'aime plus que bien.
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Joseph M. Blake
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MessageSujet: Re: Au-delà du brouillard, c'est toujours le brouillard ▬ feat JOSEPH   Au-delà du brouillard, c'est toujours le brouillard ▬ feat JOSEPH EmptyJeu 18 Nov - 0:16

Au-delà du brouillard, c'est toujours le brouillard ▬ feat JOSEPH 101103102342154779 Au-delà du brouillard, c'est toujours le brouillard ▬ feat JOSEPH Em1p
Soundtrack: Semilla de Piedra - Lila Downs

Soy hija de un hombre de piedra
Venado con viento parió
Nací del color de la tierra
De un baño de fuego y vapor

Le sommeil n'avait jamais été le grand amant de Joseph. Il se laissait parfois, quand son corps le voulait bien du moins, glisser dans les bras de Morphée. Mais la plupart du temps, il passait des nuits blanches, à compter les secondes en même temps que les cils de Leann. Ça avait pour propriété, bien souvent, de lui donner l'impression d'être un cliché fini. Alors, après de longues contemplations calmes et sidérées qu'une force pareille puisse exister, et poindre si souvent dans son ventre sans le faire éclater, il saisissait son appareil, ses clopes, et sortait dans la nuit. Car, si le sommeil n'était pas son amant, la nuit, elle l'était, et depuis bien longtemps. Depuis les nuits passées dans le noir, en position fœtale sur le sol de sa chambre, à se demander les choses qui n'étaient pas de son age, elle était une espèce d'alliée. Un monde où il pouvait s'évader, s'il le fallait, si mentalement les choses étaient impossible à continuer, à supporter. Pourtant cette nuit-là, Leann dans ses bras, sa chaleur de la peau contre la sienne, il s'était laissé faire. Elle le rassurait. Elle posait son empreinte contre son corps, se logeait dedans, et il cessait de réfléchir, ou même d'avoir mal. Il était d'autant mieux, là, renfoncés dans le lit, le bruit de la nature tout juste dehors, qu'il savait qu'il avait le même effet sur elle. Et ça...C'était inestimable. Il lui avait sourit une dernière fois, l'avait embrassée sur le nez, la joue, le cou, et s'était endormi là, dans l'endroit le plus délicat du monde, le creux de l'épaule - celui de son amour.

Sommeil agité. Joseph ne laissait les barrières de son inconscient jaillir que quand il faisait de la photo, et il ne pouvait plus parler pendant quelques minutes, après. Il avait un flux gigantesque dans tout le corps, de son enfance, de ses origines, de ses grandes blessures. Et tout ce flux se transcrivait en désir, besoin inconditionnel d'art. La nuit libérait tout ça - il n'était plus le même homme. Et c'était pourquoi il avait fini par adopter ses insomnies fréquentes - parce qu'il pouvait exploiter tout ce qui le constituait, trop inconscient pour pouvoir avoir peur de ce qui risquait de se passer. Il savait que Leann partageait les mêmes rêves - les mêmes cauchemars, en fait. Qu'ils n'appréhendaient pas les choses de la même façon, mais que, quoi qu'il arrivait, ils avaient besoin l'un de l'autre. De ce nid, de ce monde qu'ils s'étaient crée à eux deux. En somme, ils étaient aussi créateur l'un que l'autre. Deux personnes brisées qui s'emmêlent - qui s'aiment - qui se soudent l'un à l'autre. Plus fort, et plus fort encore. Ça ne l'effraie plus. Ça l'effrayait avant, tant d'exaltation. Maintenant, ça l'aide à respirer, ça le secoue dans tous les sens, ça coule des fraises trop mures contre son palais, et pire! Ça le fait parler. Dans son sommeil, comme un gosse, il esquisse un sourire.

Et puis le temps passe très vite, comme ces moments où vous êtes si fatigués que le temps de tourner la tête, le réveil indique que vous êtes déjà vingt minutes plus tard. La présence rassurante de Leann a disparu. Joseph fronce les sourcils, les yeux clos. Il n'a pas besoin de tâter le matelas à côté de lui pour vérifier si elle est là ou pas, comme dans les films américains. Il le sent. A la chaleur qui a disparu, et même tout simplement à la sensation. Il se lève, un peu abruti par le sommeil, enfile un sweet et un caleçon, se cogne à au moins trois meubles non identifiés, et sort dans le noir. Il est très rare que Leann déserte le lit, et bien qu'il ne soit pas dans sa tête, il s'y sent, presque; elle a fait un cauchemar. Or l'imagination de Joseph étant très vive, il fait une association d'idées: elle a rêvé de Ça. Sans doute, il faut avoir été brisé, ou être horriblement amoureux pour savoir automatiquement ces choses. Mais voilà, il le sait, il le sent, ça crame doucement dans son estomac comme partout dans son corps, et il préfère se fier à ça plus qu'à toute autre chose au monde - les corps. Ceux qui vivent, respirent, souffrent, s'abiment, et au fil des ans se détériore pour devenir de vieilles écorces - 'ce n'est pas triste, les vieilles écorces', affirmait doucement le Petit Prince. Non, ce n'est pas triste, et même, c'est sublime, et il veut vieillir dans les bras de cette femme, de cette femme-toute petite fille.

Il sait où elle est allée, c'est comme un radar dans son nombril qui le guide comme un imbécile, à travers la forêt d'étoiles. Le sable, dans le noir, ressemble à une gigantesque mer opaque, sans flots, qui porte les pas d'un Joseph encore maladroit, pataud de sommeil comme les tout jeunes bébés. Il arrive au champ de caillou, et aperçoit une silhouette qui flotte au vent, paumée dans un grand tee shirt gris. Il s'approche doucement, ne dit rien. Il a peur de la brusquer en la touchant sans s'annoncer - peur qu'elle croit, dans une dernière empreinte du rêve, qu'il est Lui. Alors il s'avance, sans mot dire, et s'assoie en tailleur devant elle, sans mot dire. Il la regarde. Il pourrait faire ça des heures, des années, sans s'arrêter. On dirait la petite sirène dans le port de Copenhague, échouée sur un grand caillou, les jambes légèrement repliés, les cheveux lâchés, l'épaule dénudée. Il l'aime négligée, effrayée par un trop brusque saut du lit. Il sait l'intérieur qui fait mal, quand les souvenirs qu'on ne veut pas remonte. Il pose ses doigts-timides, encore chauds de sommeil, sur ses genoux, et prend mentalement une photo d'elle, de sa position qui, il le sait, va le hanter pendant des semaines.
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Leann M. Blake

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MessageSujet: Re: Au-delà du brouillard, c'est toujours le brouillard ▬ feat JOSEPH   Au-delà du brouillard, c'est toujours le brouillard ▬ feat JOSEPH EmptyMar 23 Nov - 9:13

    Des fois, je me demande ce que ma vie aurait été autrement. Qui sait, peut être serais je devenue avocate, ou bien maîtresse d'école. Peut être aurais je percé dans ce que les autres appellent la vie active. Peut être que je serais devenue ce genre de femme auxquelles aspire l'amour des hommes, ces femmes parfaitement coiffées, regard vide, désireuse d'un foyer propre et bien rangé. S'ils voyaient l'état de la caravane. Pourtant, je ne regrette pas de ne pas partager cette vie bourgeoise inspirer par l'argent, et puis, si j'étais devenue cette femme là, alors jamais je n'aurais croisé la route de Joseph. J'aurais continué a marcher seule au bord de ma route, mariée a un homme ayant les moyens d'entretenir ma vie dépensière et matérialiste. Regardez nous. Je pense que beaucoup ne comprendrais notre vie a nous, celle d'une communauté marginale perdue au milieu de nul part. Pourtant, notre vie est belle. Moi j'aime cette cabane de taule qui nous sert d'abris, j'aime l'idée que c'est notre chez nous, j'aime me rappeler de Joseph grimpé sur une chaise pour changer une ampoule sous mon regard amusé. Les gens ne comprendrais pas. Mais moi lorsque je me lève au matin, c'est sur un désert plein de vie que mon regard se pose, plutôt que sur un nuage de pollution s'élevant au dessus du ville surpeuplée. Assise sur le rocher, un sourire se dessine sur mes lèvres parce que je me rappelle la première fois que nous nous sommes arrêtés ici. On venait tout juste d'arriver, et Joseph ne quittait pas son appareil photo. Comme maintenant d'ailleurs. J'aime ses photos, j'aime les visages qu'il immortalise sur papier, et j'aime le regard qu'il pose sur ses modèles. J'aime m'asseoir a ses côté, lorsqu'il s'enferme dans sa caravane, son espace a lui, oui, j'aime le voir découvrir ses visages sur papier. Il a du talent, beaucoup de talent.

    Délicatement, mon doigts vient au contact du sable. Ce qui m'a toujours surpris ici, c'est la capacité du sol a être constamment habité d'une agréable chaleur. C'est comme si ses petits grains aspiraient toute la chaleur du monde pour la laisser filer juste sous mes pieds. Alors mon doigts, dans le sable il dessine. Il dessine un visage enfantin, un visage qui disparaît au premier coup de vent. Mais peu importe. Ce monde a quelque chose de spécial, quelque chose d'apaisant. C'est comme s'il effaçait toutes ces images pas franchement jolie dans ma tête. Pourtant quand il s'approche, je ne peux étouffer un sursaut. Pourtant, c'est comme s'il était évident que ces pas sur le sol ne peuvent appartenir qu'a lui. Et puis il s'assoie. S'il est bien une personne avec qui je ne me sent pas forcé de parler, c'est bien lui. Il comprend. Œil de photographe ou quoi, il sait lire les choses que les autres refusent d'admettre. Alors je reste là, immobile. J'aime ses yeux, pourtant, ce regard prolongé provoque chez moi une sorte de malaise, de celui qui refuse de se laisser observer. Alors je détourne le regard, et ses doigts effleurent mon genou. Comme une caresse hésitante bien que désirée. Alors je me laisse glisser de ce fameux rocher, pour venir m'installer a ses côtés, là, les jambes repliés juste en dessous de moi, planté juste devant lui. Sourire. Souvent, je me dis que face a lui, je dois avoir l'air terriblement idiote, stupide même. Je me sent comme une gamine qui tombe amoureuse pour la toute première fois, et c'est toujours pareil, chaque fois que je croise son regard, y a mon cœur qui s'emballe, comme si tu vois, je tombais amoureuse pour la toute première fois.

    C'est a mon tour d'entreprendre une sorte de contact timide, et c'est alors que je réalise la raison de ma fuite du lit nuptiale et puis, je réalise que par ma faute, Joseph il est là, assit sur le sable, comme un pantin perdu au beau milieu d'une marée couverte d'étoiles. Je voulais pas, je voulais pas le réveiller, je voulais pas le déranger. Mais bordel il est là, et je n'ai qu'une envie, celle de ne pas le laisser s'enfuir, me saouler avec sa peau, me perdre dans son regard. Sourire. Si je pouvais tu sais, j'oserais parcourir sa peau de mes doigts, effleurer ses lèvres des miennes et puis peut être aussi lui dire merci d'avoir sacrifier sa nuit pour la mienne. Mais je n'en fais rien, je viens seulement m'asseoir a ses côté, genoux redressés contre ma poitrine, ma tête venant se caler contre l'épaule de Joseph. Joseph. T'es pas un prince, loin d'être un roi, mais pourtant quand je me perd dans ton regard, je sent comme une princesse. Ma main s'empare de la sienne, parce que jamais non jamais je ne laisserais partir. Il est mon monde.
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Joseph M. Blake
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MessageSujet: Re: Au-delà du brouillard, c'est toujours le brouillard ▬ feat JOSEPH   Au-delà du brouillard, c'est toujours le brouillard ▬ feat JOSEPH EmptyVen 24 Déc - 12:15

Quelle étrange condition que la notre - celle des humains. On est déterminés par des micros événements qui, sans le savoir conditionnent toute notre vie. C'est un cliché morbide, de dire cela, bien sûr, il serait beaucoup plus pertinent de le montrer. Mais que voulez vous, comme dirait le héros de Whatever Works: parfois les clichés sont les manières les plus évidentes d'exprimer les choses. Le langage n'est pas né de rien, les clichés non plus. C'est qu'ils ont servi, tellement servi parce qu'ils étaient juste qu'ils sont usés, et qu'on en parle maintenant comme quelque chose de mauvais, méprisable. Joseph n'avait que faire des clichés, des manières de s'exprimer par les mots. C'était un homme qui parlait par le corps, par l'art - la photo. Il ne s'était jamais bien entendu avec les mots. C'était un silencieux, Leann le savait bien, et ça les apaisait tous les deux. Le silence, il ne l'aurait jamais assez répété, était tellement plus parlant que les mots. Le corps de Leann, ses courbes, c'était une symphonie à lui seul. Il la laissa s'asseoir, frissonnant à son contact, et aussi, il faut l'avouer, de fatigue. Le petit prince et l'aviateur dans le désert, à mille miles de toute terre habitée - 'j'étais bien plus naufragé que sur le moindre petit îlot du Pacifique'. Oui, mais c'est là qu'ils existaient véritablement. Ils existaient partout, couple superbe et silencieux - pour lui du moins - mais là, beaucoup plus que n'importe où ailleurs, ils étaient eux. Il lui semblait que quelque chose s'était trouvé et allait de soi entre eux deux. Le symptôme même de l'amour, d'accord, d'accord, mais comment voulez vous parler de l'amour, même le plus beau, sans le rendre banal? Ces choses-là se vivent, tant pis pour les ignorants, passant lambdas, qui ne saisissent pas dans le moindre détail car ils ne l'ont jamais ressenti. 'To the happy few', n'est-ce pas?

Il passa son bras autour de l'épaule de Leann, la serrant contre lui. Ma toute petite petite, mais mon si grand amour, aurait-il murmuré s'il n'avait pas la sensation d'être ridicule en le faisant. Il n'était pas très fort pour raconter les choses de l'amour, il se demandait parfois, comme un amnésique, comment leur histoire avait bien pu commencer. Que s'était-il passé après qu'il ait vu la silhouette de Leann qui était encore une inconnue sur un banc, dans une aire d'autoroute désaffectée? Un regard, un sourire, des cheveux décoiffés. Toutes ces images qu'il avait mentalement photographiées lui revenaient en mémoire, comme une avalanche délicieuse qui lui chatouillait le ventre, agréablement. Prenant le parti d'être idiot, il se berça de droite à gauche en rythme, l'entrainant dans son manège avec un sourire stupide, chantonnant il ne savait quel air, inconnu ou même inexistant. Prendre le parti de rire, oui, avant de parler de 'choses sérieuses'. Ils étaient des enfants avant tout. Son marmonnement musical fini par se transformer en l'air d'Alouette, gentille alouette, sans pour autant que cela brise la poésie du moment. Il trouvait ça assez magique que, quoiqu'il se passe, une aura, une bulle se formait autour d'eux. Contrairement à Leann, Joseph n'est jamais tombé amoureux avant ça. C'est un bordel pas possible, ce truc, un désastre qui fout le bordel dans ses plans tout en les rendant plu merveilleux. Et puis, à la poubelle les plans, on en fait pas quand on est photographe et qu'on habite dans un campement à moitié rom, moitié hippie. Il attrapa la nuque de Leann, colla son front contre son front, puis hésita un instant avant de lever les yeux vers elle - il avait bien entendu arrêté son joyeux air de musique. Elle avait esquissé un sourire, ce qui renforça le sien - il ne se trouvait pas très drôle, comme type, alors s'il pouvait faire sourire sa femme (dieu que ça fait sérieux) quand elle n'allait pas bien, c'était assez miraculeux. Sans perdre son sourire, mais devenant plus bienveillant, il l'interrogea du regard - pour ne pas avoir à le faire de vive voix. Elle avait encore fait le cauchemar, hein? Et ses bras à lui, ça ne suffisait pas, il fallait ceux de la nuit, de la solitude, du sable encore un peu chaud, gorgé du soleil de la veille.

La blamer? Jamais, non. Lui même s'isolait derrière son appareil, et s'isolait dans ce même désert. C'eut été une totale hypocrisie. Malgré lui il s'isolait sans cesse, et il avait la sensation que, s'ils pouvaient résoudre ça tous les deux, ils étaient naturellement blessés et enclins aux moments de solitude. Quand bien même ils s'aimaient de toute leurs forces et pouvaient résoudre la plupart des trucs ensembles, il restait au fond quelque chose d'infime mais d'irréparable. C'était ainsi. Ils étaient ensembles, mais l'un sans l'autre, ils redevenaient en énorme ce petit lambeaux qui restait, non guérit au fond d'eux. Qui peut dire qu'il n'y a pas de magie? Qu'une histoire d'amour est banale? Que les mots fabriquent des clichés? C'est des conneries. C'est juste inaccessible à ceux qui ne savent pas. Et puis, encore une fois, 'aucune grande personne ne comprendra jamais pourquoi ça a tellement d'importance'.

(c'est assez faible. promis, je ferai mieux et moins gnangnan la prochaine fois)
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